Soels Electrotech a mis au point un biocombustible à base de lin

Dans le groupe Soels, je demande Electrotech, spécialiste de l’électricité industrielle. Si au sein du groupe cominois, il y a une partie destinée au particulier, « le gros cœur de l’activité, ce sont les appels d’offres. On monte des usines clés en main sur la partie électricité », explique Olivier Soels, le gérant. Et depuis une cinquantaine d’années, l’entreprise familiale a « un gros vécu sur la filière lin ». Elle est ainsi devenue incontournable dans le milieu. « On équipe les machines de récolte et les machines de transformation de la fibre de lin depuis des décennies », rappelle Olivier Soels.

Le lin, c’est cette fibre, cette matière première très recherchée. Mais, il y a aussi les « co-produits ». Les graines pour les semis et l’huile de synthèse, et ce qu’on appelle l’anas de lin, un produit attenant à la matière principale qu’est le fil et qui représente 40 à 50 % de la plante. « C’est un peu comme la paille d’un épi de blé », image l’ingénieur de formation. Et donc, que faire de cette matière ?

L’anas de lin servait déjà de combustible pour des grosses chaudières, mais pas pour le particulier. Gérard Soels, le père, Olivier Soels, le fils et Charles Themistocle, un ami et entrepreneur de l’Oise, ont voulu répondre à ce challenge et revaloriser l’anas de lin comme biocombustible. Près de dix ans qu’ils y travaillent, bien avant la crise énergétique actuelle. Avec la volonté « de faire un granulé facilement transportable, un combustible pour tout le monde, avec une combustion identique au bois ». Il a fallu notamment en enlever la poussière et réussir à la compresser 9 à 10 fois.

Le lin est « au cœur de la troisième révolution industrielle, de Rev3 », insiste Olivier Soels. Mais, surtout, le lin est une matière produite localement. En juillet, vous pourrez certainement voir ces champs qui prennent une couleur bleue durant quelques jours. « Du lin, il y en a à Wervicq-Sud, à Deûlémont, du lin, il y en a partout ». C’est simple, 85 % de la production mondiale du lin, c’est en France, « entre le Mont Saint-Michel et Dunkerque ». Ajoutez des cultures en Belgique, aux Pays-Bas… « On travaille sur du local, on a tout ce qu’il faut en énergie, poursuit Olivier Soels. Pas besoin d’importer du bois du Canada pour faire du granulé. On a tout dans les Hauts-de-France. Je préfère payer mieux mon achat de lin plutôt que de payer le coût du transport qui ne sert à rien ».

Autre avantage, c’est que l’anas de lin est prêt à granuler avec un taux d’humidité constant, qu’il ne faut pas l’assécher au contraire du bois qui doit l’être. « Avec de gros brûleurs ». Et vu les prix du gaz aujourd’hui…

En phase de pré-industrialisation

Une matière locale, à profusion. Un fabricant de chaudière, Guntamatic qui les a suivis dans ce projet et qui a adapté sa machine pour brûler les granulés. « Il fallait aussi que les poêles ou chaudières puissent brûler nos granulés de lin comme les granulés de bois », explique Olivier Soels. Aujourd’hui, cela ne nécessiterait pas de grosses modifications, « mais on espère que tous les fabricants le rajouteront à leur catalogue ». Ils ont aussi trouvé un équilibre et un niveau de rentabilité pour la fabrication du granulé. Il n’y a plus qu’à…

« On est en phase de pré-industrialisation », explique le Cominois. Avec potentiellement plusieurs unités de production sur le territoire où est produit le lin. « Ce sont les industriels de la filière qui les développeront, nous, on met notre ingénierie, notre savoir-faire ».