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 13 oct 2020 18:46 

Position de la FUGEA sur les néonicotinoïdes et la dérogation en culture de betteraves


En Belgique, le secteur agricole se pose à nouveau la question du renouvellement de la dérogation d’utilisation de néonicotinoïdes (NNI) en cultures de betteraves. La FUGEA appelle les pouvoirs publics à mettre en place un « plan de transition » à l'échelle de la filière betteravière pour sortir de l'usage des NNI à court terme. Si un plan de transition est validé par l’ensemble de la filière, la FUGEA soutiendra alors la fin de la dérogation d’utilisation des NNI en betteraves. Les deux grands axes de ce plan seraient : (i) compensation des agriculteurs betteraviers impactés et (ii) recherche d’alternatives par les acteurs privés et publics. Un tel accord concilierait performances agronomiques, environnementales et économiques. A l’inverse, une interdiction brusque de l’usage des NNI sans alternatives opérationnelles pour les agriculteurs ne serait pas acceptable (risques environnementaux non résolus et pertes supportées uniquement par les agriculteurs). De plus, la FUGEA insiste sur le besoin de cohérence politique : règles homogènes au niveau belge et européen, interdiction d’importation de denrées produites à l’aide de NNI, interdiction des usages domestiques.

Context

Des pesticides utilisés en agriculture

En préambule, la FUGEA rappelle que les néonicotinoïdes (NNI) sont des pesticides notamment utilisés en agriculture. Leur utilisation (tout comme celles d’autres pesticides) est intégrée dans un modèle de production, il est donc difficile de les isoler comme de simples facteurs substituables. Les besoins de l’industrie, la sélection variétale et la diminution de main d’œuvre rendent plusieurs filières directement dépendantes des pesticides, dont les NNI. En Belgique, plusieurs cultures ont utilisé ou utilisent encore ces insecticides (betteraves sucrières, chicorée, pommes de terre, arboriculture fruitière ou cultures de légumes) ; les systèmes et itinéraires culturaux ont évolué en parallèle avec l’utilisation des NNI.

Des impacts environnementaux documentés

L'agriculture ne doit pas céder au corporatisme. Le respect de la santé humaine et de l'environnement doivent demeurer au cœur du métier d'agriculteur. Ainsi, la FUGEA consulte régulièrement des scientifiques et des publications scientifiques. La FUGEA reconnait donc les nombreux effets négatifs de l’utilisation des NNI qui sont abondamment documentés, particulièrement au niveau de l'impact environnemental. Les recherches menées dans l’ensemble des pays depuis 2013 et l’interdiction de plusieurs molécules en Europe ont permis d’établir un corpus scientifique qui pointe les NNI comme un facteur accroissant la disparition des abeilles[1], mais aussi de la faune du sol, de nombreux insectes auxiliaires et même des insectes aquatiques[2],[3]. Une récente étude menée en Wallonie rappelle d’ailleurs que leur usage est problématique (y compris pour la culture de betteraves) et interpelle le secteur agricole[4] (voir l’article du Sillon Belge du 01/10/20).

Une dérogation pour la filière betterave

En raison des risques pour la biodiversité, l’Europe avait donc interdit l’usage de différents NNI. La Belgique avait obtenu une dérogation à cette interdiction pour la culture de betteraves et pour les années 2019 et 2020. Une dérogation assortie de conditions pour limiter les risques environnementaux et qui s’explique aussi par le manque d’alternatives opérationnelles permettant de remplacer les NNI pour lutter contre les pucerons qui transmettent la jaunisse de la betterave. En effet, une interdiction brusque de l’usage des NNI sans alternatives opérationnelles pour les agriculteurs serait problématique. D’une part, les NNI seraient remplacés par des traitements foliaires (ce qui ne résoudrait pas les impacts environnementaux de la culture). D’autre part, la réussite de pareilles cultures serait rendue malaisée avec pertes de rendement importantes et des conséquences économiques uniquement supportées par les agriculteurs. Le risque final étant de voir diminuer les surfaces cultivées en betteraves et chicorées (abandon de la culture par un certain nombre d’agriculteurs), et de mettre en péril cette filière qui dépend in fine de la rentabilité que les agriculteurs peuvent tirer de leurs cultures.

Manque d’alternatives opérationnelles et exemple français

C’est d’ailleurs le scénario qu’a vécu la France qui n’avait pas de dérogation. Au vu les résultats économiques du secteur, le gouvernement français prévoit maintenant d’autoriser le recours à ces insecticides avec en parallèle un plan de transition visant à sortir de l’usage des NNI et à réduire l'impact sur l'environnement de cette ré-autorisation jusqu'en 2023[5].

Conclusions et recommandations de la FUGEA Un plan de transition pour une sortie des néonicotinoïdes

La FUGEA appelle les pouvoirs publics à mettre en place un « plan de transition » à l'échelle de la filière betteravière pour sortir de l'usage des NNI à court terme. Ce plan doit permettre aux agriculteurs d’être le maillon fort de cette filière et doit respecter leurs efforts environnementaux.

Si et seulement si un plan de transition est validé par l’ensemble de la filière et peut entrer en fonction pour les semis 2021, la FUGEA soutiendra alors la fin de la dérogation d’utilisation des néonicotinoïdes en betteraves.

Si un tel plan ne voit pas le jour, une interdiction brusque de l’usage des NNI sans alternatives opérationnelles pour les agriculteurs ne serait pas acceptable (risques environnementaux non résolus et pertes supportées uniquement par les agriculteurs).

Ce plan se déclinerait en deux grands axes :

  1. Une compensation pour les agriculteurs betteraviers impactés par les pertes de rentabilité dues au remplacement des NNI par des pratiques alternatives (pertes de rendement et surcoût à charge des agriculteurs). Cette aide serait proposée chaque année et évaluée en fonction des niveaux de pertes de rentabilité liées à la jaunisse.

 

  1. Le développement d’alternatives opérationnelles via des programmes de recherche portés par les acteurs publics (centres de recherche, centres pilotes) mais surtout par la filière (coopératives, sucreries, semenciers). Ces programmes de recherche viseront à développer de nouveaux itinéraires culturaux, prenant en compte la sélection de variétés moins sensibles aux maladies foliaires et aux ravageurs.

Pour la FUGEA, cet accord serait la meilleure solution pour concilier performances agronomiques, environnementales et économiques de la filière betterave. Sans cet accord, la FUGEA demande une réévaluation de la dérogation afin que les agriculteurs ne soient pas les perdants de la filière.

De la cohérence politique

Ce plan de transition pour sortir de l’usage des NNI doit être accompagné de décisions assurant une cohérence politique.

Tout d’abord, pour éviter toute distorsion de la concurrence, la FUGEA rappelle que ce genre de mesure doit être pris de façon homogène avec les autres Etats Membres de l’Union Européenne. C’est pourquoi la FUGEA demande un plan de transition mis en place par la filière (européenne) elle-même. De plus, les produits alimentaires importés en Europe et produits avec des NNI doivent être interdits. Si ce n’est pas le cas, nos agriculteurs se retrouveraient ainsi soumis à deux injonctions contradictoires, à savoir respecter des standards de production plus élevés, tout en étant en concurrence avec des productions encadrées par des normes plus laxistes. Une situation fatale pour nos agriculteurs, en particulier ceux engagés dans une agriculture durable.

Ensuite, il convient d’assurer une cohérence d’usage pour chaque produit au sein de la Belgique elle-même. Il n’est pas concevable que les agriculteurs flamands puissent utiliser un produit et pas les agriculteurs wallons, et inversement.

Enfin, nous rappelons que tous les usages de NNI doivent être interdits. Le secteur agricole n’est en effet pas le seul à avoir recours à ces produits (le cas des insecticides domestiques pour animaux de compagnie constitue un exemple). Par cohérence, si ces produits sont interdits pour les agriculteurs, ils doivent donc être interdits pour le reste des usages.

1 Cyril Vidau et al., Exposure to Sublethal Doses of Fipronil and Thiacloprid Highly Increases Mortality of Honeybees Previously Infected by Nosema ceranae, 2011

2 Bonmatin JM et al., « Environmental fate and exposure; neonicotinoids and fipronil », Environ Sci Pollut Res,‎ 2014

3 Van der Sluijs , Amaral-Rogers, Belzunces, Bijleveld van Lexmond , Bonmatin , Chagnon, Downs, et al. Conclusions de l’Evaluation Intégrée Mondiale sur les risques des néonicotinoïdes et du fipronil pour la diversité et le fonctionnement des écosystèmes, Environmental Science and Pollution Research, 2014

4 Etude menée par l’UCLouvain, publiée prochainement et disponible sur demande.

5 https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/09/24/reintroduction-temporaire-des-neonicotinoides-des-deputes-donnent-un-premier-feu-vert-sous-conditions_6053379_3244.html

[1] Cyril Vidau et al., Exposure to Sublethal Doses of Fipronil and Thiacloprid Highly Increases Mortality of Honeybees Previously Infected by Nosema ceranae, 2011

[2] Bonmatin JM et al., « Environmental fate and exposure; neonicotinoids and fipronil », Environ Sci Pollut Res,‎ 2014

[3] Van der Sluijs , Amaral-Rogers, Belzunces, Bijleveld van Lexmond , Bonmatin , Chagnon, Downs, et al. Conclusions de l’Evaluation Intégrée Mondiale sur les risques des néonicotinoïdes et du fipronil pour la diversité et le fonctionnement des écosystèmes, Environmental Science and Pollution Research, 2014

[4] Etude menée par l’UCLouvain, publiée prochainement et disponible sur demande.

[5] https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/09/24/reintroduction-temporaire-des-neonicotinoides-des-deputes-donnent-un-premier-feu-vert-sous-conditions_6053379_3244.html



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