Ferdi Buffen a commencé son discours en rappelant :
- uno, les très mauvais prix de la saison passée qui est à peine terminée (des vieilles sont encore livrées cette semaine) ;
- deuxio, l’augmentation des surfaces de 2 à 3 % au printemps 2018 ;
- tertio, l’été 2018 qui entrera dans les annales à comparer aux années de 1959, 1976 et 2003… Une année chaude et sèche qui met aussi en valeur les variétés plus robustes, qui seront d’autant plus utiles qu’avec le changement climatique, on n’a pas fini d’avoir des années exceptionnelles !
Au prix où les pommes de terre sont (entre 25 et 30 €/qt), toutes (ou presque…) les pommes de terre seront utilisées (sous calibres, « déchets de coupe »…), moins de pommes de terre partiront à l’export, une partie des « conso frais » et/ou des « amidons » se retrouve(ront) dans les chaines de transformation. La concurrence sera parfois rude, pour avoir accès à ces pommes de terre.
Dans la zone HAFPAL (un arc de cercle allant de la mer du Nord à la Manche en passant par Hambourg, Francfort, Paris et Le Havre) ou encore la zone NEPG (UE-5) incluant la Grande-Bretagne, la récolte 2018 sera de plusieurs millions de tonnes inférieure à celle de 2017. Buffen estime que la récolte allemande sera de 8,25 à 8,75 MT (millions de tonnes) et celle de l’UE-5 de 20 à 22 MT. Soit 2 MT en moins en RFA par rapport à la moyenne pluriannuelle, et 6 à 7 MT en moins dans la zone NEPG. Dans les zones périphériques (Pologne et au-delà, Bavière, Autriche et le Sud-est de l’Europe) l’été a été moins extrême et les récoltes sont meilleures.
Pour ce qui est de l’évolution des prix des pommes de terre… Ferdi Buffen a été moins loquace et plus prudent que d’autres années. Il a commencé par dire que la saison 2017-2018 avait duré 13,5 mois, et que la saison 2018-2019 n’en aurait peut-être que 11 (dépendant de quand et où viendront les premières hâtives fritables…). Ses prévisions – futur à 2 mois maximum - pour le marché du frais parlent de prix entre 24 et 28 €/q (en précisant que le « caisse palette frigo » devra bien être rémunéré à 35 €). Pour le marché de la transformation, prix jusqu’à mi-octobre – fin octobre entre 25 et 29 €/q. Tout en rappelant que les cotations du marché à terme dépassent les 30 €/q.
Le « Pape de la pomme de terre » a terminé en rappelant des choses déjà entendues ou constatées par les « patatiers » :
- les saisons qui commencent à des prix très hauts, connaissent souvent de meilleurs prix en décembre – février qu’en mai – juin ;
- les années chères terminent souvent avec trop de patates ;
- le négoce et l’industrie, par peur de manques, organisent des introductions du pourtour méditerranéen et de Bordeaux pour le printemps – début d’été, et se rendent compte alors qu’ils n’en ont pas tant besoin… C’est déjà la course aux plants de hâtives et primeurs. Il ne devrait d’ailleurs pas y en avoir assez… ;
- les années chères sont des années avec des contrats revus à la hausse. Cela peut stimuler et encourager les producteurs à planter plus ;
- les années extrêmes sont des années apportant des défis, des difficultés mais aussi des chances. Notamment à réfléchir et s’organiser face au changement climatique…
