La résistance aux antibiotiques constitue une menace pour la santé publique de même que pour la santé animale.
L’AMCRA (« centre of expertise on AntiMicrobial Consumption and Resistance in Animals » asbl), encadrée par l’AFSCA et l’AFMPS, a été créée en 2012 et réunit le monde scientifique, les organisations agricoles, l’industrie pharmaceutique, l’industrie des aliments composés et les médecins vétérinaires. Elle a élaboré en 2014 une « Vision 2020 », assortie de trois objectifs concrets de réduction de l’usage d'antibiotiques chez les animaux : une réduction de 50% de l’utilisation totale d'antibiotiques, une réduction de 75% de l’utilisation d’antibiotiques dits « critiques » d’ici 2020 et une réduction de 50% de l’ut ilisation d'aliments médicamenteux à base d'antibiotiques d’ici 2017.
En 2016, l’Autorité fédérale, les différentes organisations sectorielles, les gestionnaires de cahiers des charges et les associations vétérinaires et de santé animale ont également adhéré à ces objectifs en signant la « Convention entre l’Autorité fédérale et tous les partenaires sectoriels concernés par la réduction de l'usage d'antibiotiques dans le secteur animal » qui les reprend.
L’utilisation d'antibiotiques dans le secteur animal est synthétisée chaque année dans le rapport BelVet-SAC. Les chiffres de 2016 ont été rendus publics ce 30 juin :
L’utilisation totale d'antibiotiques a connu une nouvelle diminution de 4,8% par rapport à 2015, et de 53% pour les antibiotiques les plus critiques.
La diminution la plus forte a été observée au niveau des quinolones (-57,5 %), des tétracyclines (-15,2%), des macrolides (-11,4%) et des polymyxines (-9,9%). En ce qui concerne ces dernières, il s'agit de la quatrième diminution consécutive, si bien que l’utilisation de colistine (famille des polymyxines) chez les animaux a baissé de plus de 54% ces dernières années. Ceci revêt une grande importance puisque la colistine a récemment été classée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le groupe des antibiotiques critiques à priorité la plus élevée pour la santé publique.
Comparé à 2011 (l’année de référence), la baisse cumulative de l’utilisation totale d'antibiotiques chez les animaux atteint 20%, et 56,1% pour les antibiotiques critiques.
Une réduction de 29% a également été obtenue en 2016 en ce qui concerne l’utilisation d’aliments médicamenteux à base d’antibiotiques. En comparaison avec 2011, cela correspond à une baisse cumulative de 38,2%.
Au regard des objectifs de l’AMCRA, tels que repris également dans la convention, ces résultats peuvent être considérés comme encourageants.
« Ces résultats démontrent que les actions mises en place par les différents acteurs de terrain et les Autorités, sont efficaces. Ils doivent constituer pour tous un encouragement et une motivation supplémentaires en vue d’atteindre les objectifs de 2020 », a déclaré le président de l’AMCRA, le Prof. Jeroen Dewulf.
Il est important de noter que la baisse observée au niveau de l’utilisation d’antibiotiques s'accompagne d’une baisse de l’antibiorésistance.
Depuis 2011, la résistance à l’égard de la plupart des antibiotiques utilisés chez les animaux de rente présente une tendance significative à la baisse chez tous les animaux d’élevage, déclare le Dr. Fabiana Dal Pozzo, coordinatrice de l’AMCRA, ce qui est l’objectif et montre que la stratégie mise en place porte ses fruits.
Les chiffres obtenus démontrent en outre que la collaboration entre l’AMCRA, les autorités et toutes les organisations ayant souscrit à la convention (organisations agricoles, industrie pharmaceutique, industrie des aliments composés, organisations professionnelles vétérinaires, associations de santé animale, gestionnaires de cahiers des charges) génère des résultats positifs.
Tous ces secteurs vont continuer d’unir leurs efforts dans la lutte contre l'antibiorésistance.
Résumé des résultats en matière d’utilisation d'antibiotiques (rapport BelVet-SAC 2016)
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Objectif AMCRA
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Réduction par rapport à 2011
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Utilisation totale d'antibiotiques
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- 50% (d’ici 2020)
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- 20%
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Antibiotiques critiques
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- 75% (d’ici 2020)
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- 56,1%
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Aliments médicamenteux à base d'antibiotiques
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- 50% (d’ici 2017)
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- 38,2%
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