Le European Milk Board (EMB) tiendra, du 20 au 21 novembre, son assemblée générale annuelle dans ce contexte difficile tant d'un point de vue politique qu'économique. Dans la ville française de Saint-Brice-en-Coglès, plus de 50 producteurs de lait issus de 15 pays européens se réuniront pour discuter de la situation actuelle sur le marché et des stratégies à déployer à l’avenir.
« La tarification actuelle a des conséquences dramatiques », confirme le président de l’EMB, Romuald Schaber. « Dans tous les pays, les prix du lait dévissent. » Selon nos informations, des laiteries en Belgique auraient déjà annoncé leur intention de ne payer plus que 25 centimes dès le mois de janvier. La France pourrait ne pas échapper à cette tourmente et connaître elle aussi une baisse insupportable des prix. Cette dégradation atteint son paroxysme dans les Etats baltes, où les producteurs de lait ne perçoivent plus que 16-17 centimes par kilo de lait. Partout en Europe, les raisons de cette dégringolade sont les mêmes : « La production est totalement déconnectée du marché et c’est pourquoi il y a trop de lait sur le marché », explique Romuald Schaber. Lorsque l’année prochaine, le dernier mécanisme de limitation, à savoir les quotas laitiers, sera démantelé, l’existence de nombreuses exploitations sera menacée.
Programme de responsabilisation du marché (PRM)
Par conséquent, les producteurs de lait revendiquent ardemment la mise en œuvre, par les élus politiques, du programme de responsabilisation du marché (PRM) développé par l’EMB. Ce programme propose qu’en temps de crise, des quotas de production soient temporairement fixés et ajustés au marché. A la reprise de la demande, la production normale pourra alors être redémarrée. « Le PRM doit être appliqué sinon une catastrophe frappera les producteurs de lait en Europe », met en garde Romuald Schaber.
Compte tenu des tensions sur le marché en France, Paul de Montvalon, membre français du conseil d’administration de l’EMB, enjoint également les élus politiques à créer de meilleures conditions-cadres pour le regroupement des producteurs. « Les négociations actuelles de contrats entre producteurs et l’industrie mènent à une impasse. Davantage de producteurs doivent pouvoir se regrouper afin de peser plus lourd sur le marché et d'exercer une influence sur le contenu des contrats négociés. »
Véronique Le Floc’h, Présidente de l’Organisation des producteurs de lait (OPL) insiste elle aussi sur la nécessité d’une régulation afin de garantir un revenu décent aux producteurs. Seul un prix du lait rémunérateur permettra aux producteurs de supporter les charges additionnelles dues aux investissements nécessaires. « Nous assistons à un phénomène de ‘clochardisation’ des producteurs qui, à l’heure actuelle, travaillent souvent dur sans être rémunérés. »
Action de l’EMB en décembre
Les membres du European Milk Board s'accordent pour reconnaître qu’il reste pas mal de choses à faire sur le marché du lait européen. Dans le souci de le faire clairement comprendre aux élus, l’EMB entend mener, à Bruxelles, le 11 décembre, une action médiatique devant le bâtiment de la Commission européenne. « Nous nous rapprochons dangereusement des conditions de crise subies en 2009 et 2012. La situation actuelle sur le marché poussera à nouveau les paysans à battre le pavé », conclut Romuald Schaber.