Alimentation
Animaux
Cultures
Economie
Elevage
Environnement
Général
Horticulture
Marchés
Mécanisation
Politique
Login
 
 
 
Vous pouvez vous enregistrer et vous abonner en cliquant ici
(€ 72,60, TVA incl.)
 
Oublié votre mot de passe?
article suivantVolgend Artikel

 14 nov 2011 20:35 

La Stevia, un édulcorant (d)étonnant


Autorisée partout en Europe, la Stévia Rebaudiana est une plante paraguayenne principalement cultivée en Chine où 20.000 hectares lui sont consacrés. Aujourd’hui des états se sont lancés dans la culture de la Stévia : Afrique du Nord, Amérique du Sud, Australie, Canada, États-Unis, Inde, Israël, Russie. Dans l'avenir, elle va sucrer de nombreux produits alimentaires et révolutionner le marché des édulcorants estimé à 500 millions d’euros. En donnant son aval à la commercialisation de la STEVIA dont on extrait les molécules sucrées : le rébaudioside A (RebA, extrait purifié à 97%), la commission européenne va modifier considérablement le marché des édulcorants.

Un marché lié à l'obésité

La Stévia est un édulcorant naturel1 (0 Kcal par 100 grammes, un pouvoir sucrant 300 fois supérieur au sucre et un goût décrit comme légèrement anisé) à l'avenir prometteur. Pour preuve qu'autorisé en France depuis le 3 septembre 2009, les sticks de poudre de Stévia ont déjà conquis un tiers du marché des édulcorants de table. En France, un ménage sur dix a déjà acheté de la Stévia sous forme de sticks ou de morceaux.

Les pouvoirs publics, les distributeurs et les consommateurs avec grand intérêt attendent cet édulcorant qui pourrait apparaître comme une réponse aux problèmes d'obésité En 10 ans, le nombre de citoyens atteints par cette maladie dans l'UE, a augmenté de 10 à 40%. En 2005, plus de 200 millions d'adultes et 14 millions d'enfants souffrent de surpoids ou d'obésité. En cause: une combinaison de mauvaise nutrition et un manque de mouvement. Conséquence: de graves maladies, qui entraînent des décès.

Aujourd'hui, les fabricants d'édulcorants ont pu rôder leurs stratégies et se préparent à lancer une grande offensive en Europe. La bataille sera rude entre des entreprises comme Pure Via (Merisant), Truvia (Cargill), Canderel (PureCircle) et Splenda (Tate & Lyle), Cristal Union ou Hermesetas (Stevia Sweet)2.

D'autant que le lancement préalable sur le marché français a permis aux entreprises de rôder leurs stratégies marketing. Demain, toute l'épicerie (gâteaux, bonbons, chocolat, chewing-gums, …), les boissons allégées (sodas, nectars, boissons énergisantes, thé aromatisé, …), les produits laitiers (yaourts, crèmes dessert, glaces, …) risquent d'être édulcorés à la Stévia.

La Stévia apparaît comme une alternative intéressante sur le plan nutritionnel par son apport calorique minime et son faible impact sur les dents (pas de caries). De plus, notamment par rapport à l'aspartame qui a souvent été dénoncé comme étant cancérigène. Seul regret, le goût anisé ou de réglisse pourrait rebuter l'un ou l'autre consommateur et inciter les industriels à intégrer dans les produits des agents masquants3.

Sans risques ?

En Europe, la Stévia dans sa forme naturelle a été interdite. Sans doute, vu le fait qu'elle était considérée comme abortive à fortes doses. Mais une étude l'OMS4 a montré que la Stévia n'avait pas de conséquences négatives sur la reproduction humaine et n'était pas cancérigène.

Vu son indice glycémique de 0, - 80 pour le sucre -, la Stévia présente de réels avantages pour les diabétiques. Elle semblerait, selon 2 études chinoises5, présenter un impact positif sur l'hypertension.

Mais le remède miracle n'est pas loin non plus. D'autant que de nombreuses vertus (contrôle de l'appétit, amélioration de l'hygiène buccale ou nasale, diminution de la pression sanguine, régulation du taux de sucre dans le sang, guérison accélérée de petites coupures, soin de la peau, …) sont également avancées sans preuves scientifiques.

Des questions en suspens

Les enjeux commerciaux sont tout aussi importants que les enjeux de santé publique et consuméristes. Tout d'abord un prix très élevé. Une boîte de 150 sucrettes est vendue autour des 6,5 euros en magasin spécialisé, un prix au kilo de 787 euros qui ne place pas encore le produit à la portée de toutes les bourses. La commercialisation va-t-elle développer une nouvelle fracture??

Ensuite sur le plan de la santé. Les ventes de Stévia ne se sont, jusqu'à aujourd'hui, substituées aux ventes d'autres édulcorants. Le risque est bien réel que l'introduction de la Stévia sur le marché incite des consommateurs à augmenter la consommation de produits sucrés sans calories liés au sucre, mais pas aux graisses. La malbouffe n'est pas très loin si on n'y prend garde.

Et la demande du produit va augmenter l'impact sur l'environnement d'une production en croissance (empreinte carbone, impact du traitement sur la pollution de l'eau, déplétion). Qu'en est-il aussi des conditions sociales de production?

La Stévia deviendra-t-il un nouvel eldorado pour les producteurs agro-alimentaires ou un échec mondial en matière de développement durable?? Sans contrôles précis, les consommateurs risquent de connaître des lendemains qui déchantent.

[1] Appelée ka'a he'ê ( herbe sucrée) par les Indiens Guarani du Paraguay

[2] L'enjeu est important face à un marché du sucre qui demeure un produit rare et cher (+73% depuis juin 2010), dont la matière première (canne à sucre) s'oriente aussi vers la production de bio-carburants et subit des conditions climatiques désastreuses. La Stévia produit un rendement à l'hectare  équivalent à 1800 kg de sucre contre 900 kg pour la canne à sucre.

[3] La marque e bonbons RICOLA aurait abandonné son utilisation.

[4] WHO FOOD ADDITIVES SERIES, 54. Safety evaluation of certain food additives Prepared by the Sixty-third meeting of the Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives (JECFA), 2006, pages 138 à 141 cités par Alain KALT, Stévia 7 fois meilleure que le sucre, http://environnement-lanconnais.asso.fr/spip.php?article231

[5] Chan P, Tomlinson B, et al. A double-blind placebo-controlled study of the effectiveness and tolerability of oral stevioside in human hypertension. Br J Clin Pharmacol. 2000 Sep ;50 (3):215-20 6. ET Hsieh MH, Chan P, et al. Efficacy and tolerability of oral stevioside in patients with mild essential hypertension : a two-year, randomized, placebo-controlled study. Clin Ther. 2003 Nov ;25(11):2797-808 cités par Alain KALT, Stévia 7 fois meilleure que le sucre, http://environnement-lanconnais.asso.fr/spip.php?article231



  Flash Actua
 
Retards de plantations et fumure azotéeLees meer
 
 
“Under-cover” en horti- et agricultureLees meer
 
 
Le projet de programme 2023-2027 du Plan Fédéral de Réduction des Produits PhytopharmaceutiquesLees meer