Le CEFL gère le centre de négoce, de distribution et de stockage s’étendant sur plus de 13 hectares au Quai des Usines à Bruxelles où sont traitées, chaque année, plus de 600 000 tonnes de fruits et de légumes en provenance de l’étranger. Environ 75 % de l’arrivage sont originaires de l’Europe du Sud. Le solde, soit 25 %, provient des pays d’outre-mer. Le site accueille 28 distributeurs qui vendent, au quotidien, leurs marchandises tant à la grande distribution qu’aux grossistes. Le CEFL dessert des clients dans un rayon de 250 km autour de Bruxelles. Des centaines de camions y entrent et en sortent quotidiennement, chargés des fruits et des légumes de première qualité du monde entier.
Aujourd’hui, la priorité est d’assurer une expédition rapide, durable et diversifiée. « Si le CEFL veut continuer à remplir son rôle unique, il est grand temps d’opérer des choix stratégiques clairs avec l’ensemble des parties concernées », souligne Thierry Nuttin, directeur du Centre.
Les camions s’imposent face au train
La majeure partie des fruits et légumes arrive au CEFL par camions. Pour la plupart des produits européens, le transport routier jusqu’à Bruxelles prend 48 heures au maximum. Les fruits et légumes en provenance d’autres continents sont acheminés en Europe par la mer ou par les airs avant d’être chargés sur des camions pour le CEFL.
Au début de l’existence du CEFL, la moitié du transport s’effectuait encore par le train. Sur le terrain de la coopérative, on voit encore les rails. Mais comme ils ne sont plus utilisés depuis quelques années, ils ont été déconnectés de la liaison toute proche, entre Schaerbeek et Bruxelles-Nord. En moins de 20 ans, le transport des fruits et légumes a été entièrement pris en charge par les poids lourds.
« Les entreprises de chemins de fer n’ont plus investi ces dernières années dans des wagons destinés à transporter des produits frais. Aujourd’hui, la SNCB ne dispose plus d’aucun wagon adapté à une telle activité », souligne Thierry Nuttin. « Problème supplémentaire : le manque d’uniformité sur le réseau ferroviaire européen. Aujourd’hui, il est impossible pour un train de marchandises d’effectuer un voyage ininterrompu entre le sud de l’Espagne et Bruxelles. En outre, du fait de la concurrence féroce sur le marché du transport routier, le prix de revient du transport ferroviaire lui est supérieur. Enfin, en dépit de la congestion croissante de notre réseau routier, la rapidité du transport routier est encore supérieure de 50 % à celle du transport par rail. »
Le quadrimodal, le modèle du futur
« Il est clair que nous ne pouvons plus continuer dans cette voie », fait remarquer Thierry Nuttin. « Le transport routier atteint ses limites. La plupart des camions arrivent au Centre largement avant l’heure de pointe, aux alentours de 4 h 30 du matin. Et ils le quittent au plus tard à 8 h, au moment où le trafic est déjà beaucoup moins fluide. À cet élément, il faut ajouter que la société accorde – à juste titre – une importance croissante au développement durable. Si l’on veut contribuer à la diminution des émissions de CO2 et à l’amélioration de la mobilité générale, il faut recourir à des modes de transport alternatifs. Il est évident que l’on ne peut pas supprimer d’un trait de plume le transport par camion. Nous devons cependant évoluer vers un modèle de transports combinés impliquant la route, le rail, les voies navigables et les airs. Les pays voisins ont clairement opté pour ce modèle quadrimodal.
Selon Thierry Nuttin, les pouvoirs publics doivent s’engager résolument à soutenir ce modèle : « Le CEFL est situé au cœur de l’Europe. Nous sommes à la croisée de nombreuses voies navigables, d’un réseau ferroviaire dense, de liaisons rapides vers la route et de plusieurs aéroports. En outre, notre région constitue un marché considérable de débouchés pour ces produits. Qui plus est, les produits qui arrivent dans notre centre sont de qualité exceptionnelle. Enfin, nous sommes déjà réputés pour être le centre de distribution le plus propre d’Europe. Nous mettons un point d’honneur, tous les jours après les heures d’ouverture, à nettoyer en profondeur tous les espaces afin que nos négociants puissent commercialiser leurs denrées fraîchement arrivées dans des conditions optimales. La satisfaction des opérateurs qui utilisent nos services est donc très élevée. »
Continuer à tirer parti des besoins du client
Le directeur Thierry Nuttin poursuit : « Nous devons tout mettre en œuvre pour continuer à satisfaire nos clients au cours des prochaines années. Aujourd’hui, nous occupons une position unique en Europe : nulle part ailleurs, les acheteurs de la grande distribution et les grossistes ne trouvent sous un même toit une telle variété d’entreprises proposant des fruits et légumes importés. Chaque jour, les acheteurs peuvent avoir, à un seul endroit, un aperçu global de l’offre de produits frais importés sur notre marché. Les grandes chaînes de distribution et les grossistes peuvent donc proposer quotidiennement, de manière très efficace, à leurs consommateurs finaux, des fruits et des légumes de la plus haute qualité. »
« Les titulaires de nos concessions, qui sont les moteurs de notre Centre, sont convaincus comme nous que l’avenir du CEFL dépendra de l’infrastructure à mettre en place pour suivre les évolutions logistiques futures. Nous ne devons pas rater le coche », souligne Thierry Nuttin.
Schaerbeek-Formation, nouvelle destination ?
Tant pour la direction que pour les membres du CEFL, la solution réside dans une relocalisation à Schaerbeek-Formation. « Il y a là suffisamment d’espace pour sortir de terre un nouveau centre adapté aux besoins futurs », selon Thierry Nuttin. « En outre, à Schaerbeek, on peut réaliser des liaisons optimales avec différents modes de transport. Schaerbeek-Formation peut d’ailleurs accueillir d’autres acteurs du transbordement de marchandises que le CEFL. Nos voisins du marché matinal Mabru, qui sont également clients de nos membres, pourraient eux aussi déménager et s’installer sur ce site.
Notre site actuel pourrait recevoir une nouvelle affectation, par exemple résidentielle. »
Le site de Schaerbeek-Formation permet d’ailleurs de moderniser le transport ferroviaire de marchandises. Une gare TGV de marchandises y aurait toute sa place. L’on pourrait s’inspirer de l’exemple du marché de gros de Rungis (à Paris), où l’on constrbuit une gare TGV. Dans un proche avenir, on pourra donc acheminer très rapidement à Paris des denrées fraîches du sud de l’Espagne et du sud de l’Italie, en utilisant des trains à grande vitesse pour le transport frigorifique. À leur arrivée, les conteneurs de produits frais pourront être transbordés très simplement sur des camions pour être distribués vers leurs clients. »
Le directeur Thierry Nuttin lance donc un appel à toutes les parties concernées pour se mettre rapidement autour de la table et entamer des discussions constructives qui devront déboucher sur des choix clairs de désenclavement futur du CEFL. « Nous ne pouvons pas laisser passer cette opportunité. Pour de nombreuses entreprises, le site de Schaerbeek-Formation constituerait un centre de transbordement moderne, en phase avec les modèles de mobilité du futur. »
Le CEFL en bref
Le Centre Européen de fruits et légumes a été créé en 1981 sous la forme d’une société coopérative mixte à responsabilité limitée. Les terrains sur lesquels le Centre est établi sont la propriété de la Ville de Bruxelles. La gestion du centre est aux mains de La Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale (SDRB), de la Ville de Bruxelles et des 28 membres du CEFL : les importateurs et les exportateurs de fruits et légumes qui exercent leurs activités dans les entrepôts. Chaque année, plus de 700 millions d’euros de fruits et de légumes frais y sont traités. Environ 75 % des fruits et légumes négociés sont destinés à la grande distribution (hyper- et supermarchés). Les grossistes achètent le reste, soit 25 % de l’offre.
Le bâtiment principal s’étend sur 25 000 m2. Il comprend, outre un espace de vente et des bureaux administratifs, 64 entrepôts équipés de chambres frigorifiques. Le terrain abrite également un entrepôt frigorifique séparé de plus de 7 000 m2. Le site emploie quelque 450 personnes.